À la soupe
Cracher dans la soupe ou servir la soupe à défaut d’en être le marchand fait référence à des comportements politiques que l’on juge sévèrement. On pourrait qualifier François Fillon de marchand de soupe lorsqu’il s’évertue à se rapprocher d’une certaine forme de populisme et l’on serait en droit de reprocher à Jean Luc Mélenchon de cracher dedans après avoir encaissé sans rechigner les chèques de fin de mois de ministre et maintenant de Député européen. Tout cela nous éloigne évidemment de la soupe populaire ignorée par trop souvent par des parlementaires qui ont eu l’habileté de se réserver un régime spécial de retraite.
Ne devenons pas soupe au lait face à ses comportements cupides et redonnons à cette pratique culinaire toute sa grandeur. La soupe, c’est avant tout une tranche de pain arrosée de bouillon ou de vin qui servit d’alimentation de base à nos ancêtres jusqu’à l’arrivée des cubes et aujourd’hui des boîtes en carton UHT. N’en perdons pas notre latin en prononçant distinctement un discours sans cultiver ostensiblement le petit cheveu sur la soupe qui fait parfois le charme caché d’une personnalité. La soupe chinoise envahit progressivement nos cuisines chassant dans cette course effrénée au moins-disant la bonne vieille recette de nos grands-mères qui excellaient dans les préparations les plus goûteuses.
Aux choux, au potiron ou tout simplement aux poireaux, elle en dit long sur nos orientations politiques et notre perception du monde. La transition énergétique passera par une décroissance de la consommation de viandes et redonnera à l’épluche-patates et à la cocotte minute toute son utilité. Pour l’instant les élections municipales approchant, un grand nombre de nos élus vont à la soupe pour se refaire une santé et obtenir la précieuse investiture. Dans ce contexte de cumul de mandat, il faut espérer qu’ils seront nombreux à ne pas finir comme des gros pleins de soupe. Se prendre un bouillon serait peut-être dans ce cas une bonne thérapie.
Igor Deperraz