Croissant noir
Le petit déjeuner croissant est le rituel français le plus populaire dans le monde. Il n’y a pas un étranger visitant Paris qui ne rêve pas de s’attabler à la terrasse d’un café et de commander la célèbre viennoiserie. Acheter des croissants est une douceur qui se paye au prix fort, en gros, le prix d’une bonne petite baguette de pain frais et croustillant. Cette pâte qui devrait être à la fois brioché et feuilleté n’est pourtant pas toujours à la hauteur du rêve mondial. Le croissant français est dans plus de 80 pour cent des cas issus de l’industrie. Soit la pâte fraîche est livrée au boulanger, soit le croissant est décongelé sur place ! Ce processus industriel n’implique pas toujours une mauvaise surprise ! Il est un hard discounter qui a compris l’intérêt de décongeler ses petites sucreries sur place à toute heure et ça marche ! Non seulement la marchandise est une copie conforme de ce que l’on trouve en boulangerie, mais elle coûte moins de trente centimes sans que le consommateur y perde sur la quantité. À force de jouer les succursales de l’industrie, les boulangers ont fini par perdre en crédibilité. Il y a bien longtemps qu’il n’existe plus la spécialité de tourer en 6 tours la pâte, cette opération qui consiste à mettre du beurre frais en couches successives. Le consommateur a fini tout simplement par prendre le goût du croissant de la grande distribution, trouvant même à l’occasion le croissant maison comme trop croustillant. Au final cette opération commerciale aura eu le grand mérite de mettre sur la table le prix réel des croissants nous mangeons aujourd’hui.
Igor Deperraz