Crise dans la Lisbonne de fernando Pessoa
Il est un sentiment ambivalent face à la crise économique actuelle qui touche le Portugal et sa capitale. C’est l’idée partagée par tous que sans l’Europe et ses financements parfois extravagants, Lisbonne ne serait pas aujourd’hui une capitale européenne moderne mais une ville du tiers monde avec son lot de misère et de pauvreté hélant le passant pour quelques escudos. En 20 ans le Portugal a pour le meilleur et pour le pire fait une entrée remarquée dans la modernité. Les portugais sont rentrés au pays, les universités, les entreprises, les familles ont bénéficié de cet appel d’air européen. On peut regretter les ânes sur les routes et les moulins à vent remplacer par des éoliennes, les petites maisons de pécheur sans confort par des immeubles du plus mauvais gout mais le Portugal appartient aux européens et en particulier au portugais. Ce pays déserté par ses habitants poussés à l’exil s’est repeuplé. La crise actuelle n’est pas vécue comme une punition ou une agression du capital mais comme une péripétie qu’il faut surmonter. La TVA à 23 pour cent dans la restauration a réduit les portions de morues salées ou de cabris mais la bica, petit café s’affiche toujours à 70 centimes et reste le meilleur de toute l’Europe. Lisbonne sait ce qu’elle doit à l’Europe et elle n’entend pas jouer les ingrates, prenant sa part du fardeau sans crier famine. Lorsque l’on regarde la situation de Lisboa, avant l’Europe et aujourd’hui, On ne peut que pardonner les excès des dérives monétaires orchestrés par les acteurs économiques. Lisbonne est une capitale moderne qui n’a plus rien à envier aux autres …dans une ambivalence qui ne déplairait pas à Fernando Pessoa. Igor deperraz