Eloge du bon vin et de la bonne piquette
A boire
Commence aujourd’hui la grande foire des vins en grandes surfaces. Des crus du terroir, fruit du travail méticuleux et précautionneux sont mis en vente comme des paquets de lessive entre les cahiers de la rentrée et les chaussettes du rayon lingerie.
Chaque viticulteur pourrait y vendre son terroir, son expérience et son excellence, mais ce qui compte ici, c’est de vendre des hectolitres en masse. Le rosé est en continuelle croissance pendant que la consommation de rouge baisse.
Un rosé n’est pas un vin, mais une boisson universelle agréable en bouche qui ne nécessite aucune autre expertise que celle qui consiste à trier le raisin et à bloquer par le froid le processus. C’est la victoire du simple, de l’universel et du prix qui fait le succès de ce produit.
Pour le vin rouge, le grand cru n’est pas toujours au rendez-vous et si l’on veut mettre plusieurs dizaines d’euros dans une bouteille, le pari sur le goût est incertain ! La piquette, le vin en pichet, celui que l’on presse et que l’on met en bouteille sans se poser de question restent le meilleur de tous ! Il se boit dans l’année, se consomme sans laisser de trace lorsqu’il n’est pas trop soufré et ne coûte que deux euros le litre !
A ce prix, on peut côtoyer un saint Estephe ou un mauvais Bourgogne, mais il restera toujours en bouche pour un bon petit vin. Cette inflation dans le prix et la recherche de l’excellence ne profite qu’aux grandes surfaces .Il est beaucoup plus rentable pour le consommateur d’acheter de la piquette sans autre transformation que celle liée au processus de vinification , de boire rapidement le breuvage et d’acheter à l’occasion un cru d’exception.
Deux euros le litre de vin bio ou raisonné est le prix à mettre et à faire payer si l’on veut que notre culture du vin ne se laisse pas envahir par celle des sodas et de la bière.
Igor Deperraz