L’ardoise et la dette
Les petits Français ont rejoint leur classe de cours préparatoire sans savoir qu’on allait leur demander de se servir d’une ardoise. Elle fut pendant longtemps la couverture des riches châtelains. Le gueux se couvrait d’un simple toit de chaume. Les temps ont bien changé et aujourd’hui, si l’on présente l’ardoise à un enfant de six ans, c’est peut-être aussi pour lui rappelé qu’il doit dès aujourd’hui 25 000 euros à ses créanciers. La maîtresse pourra lui faire écrire en grosse lettre 4640 euros d’endettement collectif chaque année. Bien entendu, à l’annonce d’un tel poids que l’on qualifierait volontiers de masse pour ne pas employer le mot massue, il sera tenté de prendre son chiffon pour l’effacer . Il devra cependant attendre encore quelques classes pour effectuer des soustractions 1885 milliards en 2014 moins 912 milliards en 2002. Après malencontreusement rectifier les chiffres pour essayer d’en diminuer la croissance exponentielle, il se verra infliger une punition à la Grecque pour bien lui rappeler que l’on se doit d’honorer ses dettes. À ce petit jeu, il ne sera pas seul à écrire la bonne réponse. 2079 milliards pour l’Allemagne. Il est certain que le calcul mental est à enseigner de toute urgence en insistant sur la maîtrise des grands nombres, car, à ce rythme d’endettement, il faudra tailler dans les Ardennes de nouvelles pierres au format A4 pour pouvoir y enseigner les nombres .
Igor Deperraz