Le Pont tournant Colbert et la Tour Eiffel
Comme les librairies qui ferment les une après les autres, il est des ponts du patrimoine qui disparaissent, faute d’entretien. Avec la complicité bienveillante des pouvoirs publics qui préfèrent voir un ouvrage d’art se détériorer pour être remplacer par un outil plus performant et ne faisant plus appel à de la main d’œuvre couteuse.
Lové en plein cœur de la petite vile portuaire de Dieppe…le pont Colbert se meurt… Il est certainement amené à disparaitre, faute de financements et surtout fort du non soutien des différents acteurs économiques qui verraient d’un bon œil cette vieille carcasse mise à la ferraille.
Le pont tournant fut mis en service en 1889 ! Il pèse 810 tonnes et mesure 47 mètres. Il fut même reconstruit à l’identique en 1946 après son dynamitage. Pour faire tourner un tel ouvrage, il faut bien sur des hommes d’expérience : des pontiers mais aussi de l’eau sous pression et pour que les mécanismes ne gèlent pas des tonnes de fumier …L’ ouverture se fait en trois minutes ou 90 seconde en cas d’urgence.
Cet ouvrage d’Art contemporain de la tour Eiffel a ses fidèles visiteurs et il reste l’un des derniers à fonctionner en France … Mais voilà, la modernité n’aime plus les pontiers, ces hommes qui ne parlent pas la langue informatique …L’ouvrage aurait très certainement fait la renommée de la cité de Duquesne de part le Monde et attiré des touristes chinois mais de cela personne ne voit.
Une vue à très court terme qui comme les librairies qui imprimaient aux villes françaises une certaine identité disparaissent les unes après les autres. Un élément patrimonial essentiel de l’économie du tourisme qui se substitue à la France industrielle d’hier. Un pont Colbert pastiche reconstitué….à Marne la vallée serait un grand gâchis pour la petite ville de Dieppe et tous les amoureux des ouvrages d’Art industriels.
Igor Deperraz