Homo sapiens roulera il à 80 km/h ?
L’automobiliste est-il un genre humain à part ? Un clone raté de l’homo sapiens ? En lançant une pétition dans 40 millions d’automobilistes, Pierre Chasseray n’a pas peur de prendre la tête de l’avatar qui sommeille en nous et qui fait majoritairement appel à notre cerveau reptilien. Abaissez la vitesse de 90 à 80 kilomètres par heure abaissera la mortalité sur les nationales et diminuera la consommation d’énergie fossile. C’est mathématique et les théories qui motivent ce mouvement pétitionnaire ne tiennent pas la route.
« Si vous tapez un obstacle à 90 ou à 80 km/h, c’est la même conséquence, vous êtes morts ». Ce raisonnement post- mortem ne tient pas compte d’une pratique de la route. Une vitesse limitée à 80 signifiera que la majorité des conducteurs frôleront les 90 et donc par le jeu des majorations de sécurité pour les radars rouleront à la vitesse autorisée d’aujourd’hui. Pour les autres, ils pourront rouler tranquillement à 80 km/h à la même vitesse autorisée que les routiers sans être poussés par les 42 tonnes d’un homme du Neandertal agitant dans sa cabine sa massue à défaut de lui passer dessus.
L’autre argument de taille est notre adaptation nécessaire à la conduite électrique. En abaissant progressivement les vitesses autorisées, les pouvoirs publics donneront plus d’autonomie à ce type de véhicule et rendront leur attractivité sur un marché qui est à la peine.
S’engager dans ce combat pétitionnaire pour contrer le ministre de l’Intérieur réveille bien des comportements primaires que l’on croyait apaisés depuis l’augmentation du prix de l’essence et surtout depuis la fin du mythe de la voiture phallique.
Igor Deperraz