Tarnac connexion rouennaise
Comprendre l’affaire de Tarnac et ses prolongements dans l’agglomération Rouennaise, c’est faire ressurgir les fantômes politiques du passé. Rouen et ses hauteurs ont accueilli et caché dans les années 1970 le leader de Mai 1968, Alain Gesmar en froid avec le pouvoir politique. Un froid glacial qui l’enverra à Fresne ! De cette tradition d’asile politique et de soutien à la gauche prolétarienne de Benny Lévy est né le mouvement sud PTT et Sud rail qui a bouleversé les habitudes syndicales françaises. La terre de Laurent Fabius et Pierre Bérégovoy est semée d’une solide culture ouvrière aux racines anarcho-syndicalistes. Rien donc d’étonnant à retrouver aux abords du quartier de la croix de pierre ses héritiers en mal de reconnaissance refaire le monde à l’envie. Peut-on pour autant s’acharner sur ces groupes informels qui bouleversent l’ordre des choses et qui en marge peuvent dépasser les bornes. L’Etat a-t-il toujours eu une conduite exemplaire dans l’affaire Ben Barka ou dans l’affaire du Rainbow warior. En s’acharnant sur un mouvement qui n’a pas à ce jour pris les armes ou menacé l’ordre public, ne prend-on pas le risque de radicaliser une sensibilité politique très présente dans les milieux ouvriers et dans la jeunesse. Que des fautes ou erreurs soient commises de part et d’autre par justice interposée n’améliorera pas le dialogue politique et à terme la tranquillité publique. Dans cette affaire, il appartient aux responsables politiques d’imposer une paix des braves par une amnistie symbolique ou réelle. A trop vouloir pousser à la clandestinité des représentants d’une gauche plus à gauche, le pouvoir prend le risque et la responsabilité de faire renaitre les années de plomb. Il est temps de mettre un terme à ce jeu dangereux pour la cohésion nationale et la vivacité démocratique.
Igor deperraz