Les parfums langagiers de Mademoiselle
L’Administration française, d’un soudain trait de plume vient d’annoncer la disparition du terme « Mademoiselle ». Une victoire du combat des femmes pour l’égalité serait on amené à penser ou la revanche des « Madame » sur la société civile. Ce mot prenant racines dans la société gallo romaine, évoluant rapidement en femme de la bourgeoisie puis au sens de femme n’ayant pas accédé à la sexualité peut-il disparaitre du langage par la simple volonté administrative. Il eut été moins contestable de supprimer le terme de Madame et de laisser des millions d’accroche-cœurs égayés nos écritures quotidiennes. Nos Mademoiselle ne vont-elles pas être obligées dorénavant de vivre dans la clandestinité ou émigrées vers des cieux plus romantiques. Par cette méprisable habitude de supprimer ce qui fait le charme discret de la bureaucratie française, quelques fonctionnaires par trop zélés nous privent, sans consultation de ces petits riens qui font le bonheur des ennuyeux formulaires. Madame ou Mademoiselle ? Il ne restera au mot que ses deux définitions : ustensile servant à chauffer le lit ou bouteille de vin. Cette victoire des femmes à barbe sur les relations hommes femmes n’a rien de politique et ne change en rien le statut des femmes dans la société civile. Le salaire en bas de la feuille de paye sera toujours inférieur à vingt pour cent à celui des hommes et les taches ménagères ne seront toujours pas portées par les damoiseaux. Mademoiselle était certainement plus portée par le parfum discret des dentelles et les odeurs printanières des poètes que par une quelconque revendication féministe. Ne nous ne laissons pas dépoétiser notre fleur langagière. Résistons aux pressions bureaucratiques qui n’ont dans cette affaire qu’un souci, réduire les coûts d’impression des formulaires. Redonnez nous nos charmantes demoiselles qui d’un sourire éclairaient les souvenirs de nos jeunes printemps.
Igor deperraz