L’année 2012
Il est de coutume en cette fin d’année de faire un tout d’horizon chronologique des évènements qui ont marqué l’année et de choisir dans cette liste cosmopolite le fait marquant de 2012.
Le fait que je retiendrais est certainement la succession d’enlèvements de compatriotes français au Mali. Ces faits marquent durablement la perte d’influence politique au niveau international de la diplomatie française et plus durablement l’impuissance de notre puissance coloniale devant la montée des pays émergents.
L’opinion française et la Presse ont anticipé cette perte de pouvoir en oubliant tout simplement le nom des otages français actuellement retenus par AQMI ou ses franchisés.
Aucun portrait sur l’hôtel de ville de Paris en attente d’être décroché, aucun nom répété à l’infini sur les ondes ! Pourtant si l’on lit cette liste qui date de plus de 20 ans, on peut dire : « cette personne fut otage et pour la majorité d’entre elles, leur vie fut sauve ». Carton, Fontaine, Kauffman, Seurat, Coudari, Sontag, Rochot, Hansen, Auque, Normandin.
Aujourd’hui, qui connait le nom d’un otage français ? Même le Président de la République oublie de les nommer « Nous sommes chaque jour mobilisés pour la libération de nos otages »et de rajouter « il est temps que vous les libériez »
Les noms propres ont laissé la place aux noms communs, le « les » anticipe les futurs enlèvements. La France ne peut plus rien pour ses compatriotes à l’étranger, sa toute-puissance coloniale s’en est allée, laissant derrière elle ses compatriotes, seuls face à leurs ravisseurs.
2012 marquera un tournant décisif dans l’idée que se font les Français d’eux-mêmes. Dans leur rapport avec le Monde qui les entoure et les submerge, « la France “redevient plus modestement ‘la France’.
Igor Deperraz