L’Art du pont
S’il existe un Art conceptuel encore peu étudié, c’est l’Art de poser des ponts. La loi est peu généreuse en matière de jours fériés. Seul, le premier Mai est obligatoirement chômé. Les fêtes légales comme le 1 janvier ou le 11 novembre peuvent être travaillées dans des conditions tarifaires spécifiques mais le salarié ne peut échapper à son employeur. 11 fêtes légales font généralement l’objet d’un accord d’entreprise. Pour les ponts, aucun texte n’encadre ce sport national. En articulant par de savants calculs les RTT, les Week-end, les fêtes, il est possible de s’octroyer une semaine de congé supplémentaire .Cette pratique majoritaire met à jour un besoin non couvert par la loi : l’exigence d’une sixième semaine de congé payé . Hormis l’initiative marginale d’un syndicat déposant un préavis de grève pour couvrir les salariés qui prendraient d’eux même le jour de l’Ascension, aucune autre initiative syndicale ne couvre les salariés dans l’art et l’usage de se fabriquer du temps libre. Si les organisations syndicales déposaient un préavis de grève tous les vendredis et les jours permettant de faire des ponts, on imagine assez bien les effets bénéfiques sur la santé des salariés et sur leur famille. Le pont est au salarié ce que le dividende est à l’actionnaire .Une quête de profit éternelle et salutaire.
Igor Deperraz