~~Outreau une fois d’Outreau
Curieux calendrier judiciaire et curieuse justice qui n’hésitent pas à remettre en scène les acteurs d’un emballement judiciaire et médiatique. L’acquittement d’Outreau n’est que le fruit du hasard et de la défaillance au dernier moment de l’accusation ! Sans cela, les accusés d’hier ne seraient peut-être pas les acquittés d’aujourd’hui .Si procès, il devait y avoir, ce n’est certainement pas du côté des justiciables qu’il fallait chercher !
Que de vies gâchées par la volonté d’un seul ! Dans ce type d’affaire, qui mêle à la fois la misère sociale et la misère intellectuelle, on peut comprendre aisément que la parole des enfants n’est pas fiable .Dans le déroulé de l’instruction, on a vu combien la surenchère était devenue la grande cour de récréation des accusateurs. Tous les professionnels perçoivent combien l’enfance fragilisée peut au gré du plaisir qu’elle reçoit ajuster sa parole fabuleuse pour en faire du vécu. On sait qu’il suffit de persuader un sujet qu’il a vu un film en lui montrant quelques extraits pour qu’il se persuade qu’il l’a vu et plus incroyable pour qu’il pense avoir rencontré la même situation dans la vie réelle . La mémoire n’est qu’une combinaison chimique.
Les victimes ne mentaient pas, elles étaient persuadées d’avoir subi les violences qu’elles reprochaient. L’écoute bienveillante du juge n’a fait que les conforter. Toutes les dépositions étaient vécues par les plaignants comme vécu. Les goûts amers et les dégoûts qui restent en bouche ne sont pas que la justice se soit trompée ou qu’elle ait été induite en erreur par les mécanismes cérébraux complexes de la mémoire, mais bien qu’elle n’ait pas permis ou proposé la reconversion professionnelle de celui par qui des vies ont été brisées. Si un procès symbolique était à refaire, ce n’est peut-être pas celui qui se tient actuellement qui devrait avoir lieu une nouvelle fois.
Igor Deperraz