~~Réforme , un grand mot qui résonne aux oreilles des professeurs et élèves à chaque apparition /disparition d’un ministre de l’éducation nationale. On discute, on fait appel au million d’enseignants et à leurs avis pour élaborer de nouveaux programmes et au final, le ministre s’en va en laissant derrière lui un corpus courageux et fort intéressant .Le temps politique rattrape la réforme engagée et les arbitrages budgétaires viennent contrarier les bonnes intentions de départ .
Que restera-t-il de tout cela lorsque la droite victorieuse arrivera au pouvoir avec ses projets et sa réforme .Pour les rythmes scolaires, la fin de l’expérimentation en cours ne fait aucun doute .Les communes n’ont pas les moyens de prolonger l’expérience dans un contexte de réduction des dotations budgétaires .Pour les contenus , enjeux politiques ,la réforme Darcos et un pilier indestructible pour la pensée éducative de l’opposition. Les enseignants peuvent donc dès aujourd’hui se préparer aux nouveaux rythmes et aux nouveaux programmes qui seront en fait les anciens que l’on aura changés le temps de les changer.
Devant cette valse continuelle des étiquettes, les éditeurs de manuels et logiciels ne savent plus très bien s’ils doivent attendre et investir dans des réformes qui n’ont en réalité qu’une DLC très réduite. Les programmes ne sont que les étiquettes d’une autre réforme plus profonde qui n’est pas menée, l’attention des élèves en classe et l’intérêt qu’ils manifestent dans une classe .On peut enfiler les perles sur les objectifs à atteindre, si un professeur passe la moitié de son temps à relire avec son public les règles du vivre ensemble, les bonnes intentions intellectuelles se heurtent au principe de réalité.
Il y a autant de collège, de lycées, d’école qu’il y a de programmes à mettre en place. À trop vouloir centraliser dans les détails ce qui pourrait relever des acteurs proches du terrain, on assiste incrédule au jeu des chaises musicales. Réformer l’école, c’est avant tout se poser la question de l’efficacité d’une Éducation nationale, non dans ses grands objectifs, mais dans sa volonté de décider de la place de la gomme et du crayon dans la classe. Igor Deperraz