Marine Le Pen on t’aime moi non plus ?
La victoire électorale du Front national est une victoire politique et sociale. Elle est réelle, vraie et sans ambiguïté. Elle s’enracine dans la jeunesse et le corps social sans barrières ni retenue. Elle représente l’imaginaire collectif d’une partie de la jeunesse et n’est pas en soi une force réactionnaire, mais bien visionnaire au sens littéral.
Les idées frontistes ont envahi le champ de la pensée moderne française .Loin de l’extrême droite et loin de l’extrême gauche, cette pensée repose sur la société du spectacle, le populisme et l’approche littérale de la réalité. Qu’importe ce que les dames Le Pen disent pourvu qu’elles le disent et qu’elles soient blondes.
C’est la toute puissance de l’image sur l’écrit .Ce qui se voit existe, pense et agit. Ce qui s’écrit, se cherche et aligne des strates dans la réflexion nuit à l’action. Le front national propose ce que les émissions de télé-réalité imposent aux spectateurs électeurs européens. La télé-philosophie, une approche critique et sensorielle basée sur la toute-puissance de l’immédiateté. Elle s’appuie aussi dans une large mesure sur une gauche convertie aux idées sécuritaires et libérales.
Etat d’urgence, dénonciation au fisc, remise en cause des fonctionnaires sont traditionnellement les outils conceptuels des Généraux et chefs militaires qui ont fait flores dans les pays totalitaires .En ne respectant plus les règles de la constitution, la gauche a légitimé et constitutionnalisé le front national.
Si la victoire du front national ne doit pas tout à l’échec des gouvernements socialistes, elle doit tout dans la défloration d’une alternative crédible et électorale à gauche. Le front national peut s’asseoir aujourd’hui sur la fin de l’utopie de gauche.
En adoptant les thèmes majoritairement distillés par les Le Pen depuis des années, les pouvoirs socialistes ont pensé se maintenir au pouvoir .Le président Mitterrand en avait fait son fonds de commerce .Le président Hollande son linceul.
Puisqu’il est aux portes du pouvoir et puisqu’il n’y a plus d’alternative, sa légitimité démocratique s’approche dangereusement du Berlusconisme. La France ne vient pas de perdre Camus, Jaurès et Blum en instaurant un régime d’exception. Elle vient de perdre son exception culturelle. Descartes ou les feux de l’amour, les Français auraient ils déjà choisi ?
Igor deperraz