~~Lycéens dans la rue jusqu’aux confins de l’EST parisien
Les lycéens sont dans la rue ! Grande tradition française, passage initiatique d’une jeunesse qui n’en finit jamais d’accéder au statut de travailleur à part entière. Il n’y a pas une génération qui n’ait espéré passer les quelques mois de printemps à battre le pavé. Les raisons en sont connues depuis les années 68, on s’ennuie dans les bahuts ou du moins, on n’y trouve jamais les réponses à des questions existentielles et pratiques.
Avoir 20 ans dans un bahut français, c’est continué à vivre le rapport infantilisant propre au système éducatif français. Ce divorce entre le système éducatif et la jeunesse coûte cher à la jeunesse. Elle subit le chômage d’une façon très douloureuse. L’État français a toujours privilégié les belles lettres et fait du cérébral sa filière d’excellence.
Quid de l’excellence en menuiserie, cuisine ?…Le travail manuel est toujours considéré comme une voie de garage ou comme une filière sans prétention. Mobilisés, engagés contre un gouvernement qui n’a pas tenu ses promesses, les lycéens vont essayer de reprendre le flambeau de l’idéal soixante-huitard. Celui-là même qui a fondé les bases de notre constitution sociologique et sexologique.
Très minoritaires, ces jeunes font face à un recul net des libertés publiques pour des raisons associées aux attentats. Le déchaînement de violence ultra minoritaire surprend et peut s’expliquer par la tension permanente des personnels depuis l’État d’urgence. Si l’Est-parisien est au front comme Nanterre le fut en son temps, cette avant-garde d’un monde perdu doit faire face à l’émergence de l’esprit ultra libéral et du chacun pour soi.
Les jeunes n’ont jamais été une catégorie homogène, ils le sont d’autant moins aujourd’hui que la société du spectacle et les réseaux sociaux leur font miroiter un espace de liberté virtuel qui est en fait contrôlé par la dictature de l’immédiateté. Aujourd’hui dans la rue ! demain au meeting de Macron ou de Sarkozy ! Une jeunesse en trompe l’œil qui ne sait plus vraiment s’il y a une plage sous les pavés @
Igor deperraz