L’ortografe s’en fout ou sans fous
Réformer l’orthographe est un serpent de mer qui revient inlassablement avec la même frénésie que la réformes des programmes de l’Éducation nationale .On aimerait que l’ognon ne nous fasse plus pleurer, mais on doute que l’oignon nous fasse rire. Les grands maîtres du dictionnaire se sont penchés sur la question depuis 1990 et ont un temps aligné les deux orthographes d’un même mot sur la même définition.
Le grand mot ou les grands maux de la simplification soulèveront peut-être l’indignation de l’ordre moral, mais il est à craindre qu’il ne crée sans le vouloir un vaste mouvement de dysorthographie. On peut tout réformer et il serait intellectuellement opportun de mettre la graphie du mot au son que la modernité qui l’anime et le vivifie.
C’est ainsi que fut supprimée Mademoiselle pour lui suppléer Madame. Adieu les jupons et les dentelles, vive le tricot et le châle d’hiver. Les accents circonflexes qui usurpent les « s » sans fin pourront rejoindre dorénavant les petites annonces. Le mouvement est lancé et l’on ne sait plus vraiment s’il est possible d’écrire les aricots ou les haricots. Nous nous résoudrons à manger des abricots.
Réformer pour quoi faire ? La langue française est dans le peloton de tête des difficultés. Une caractéristique singulière qui lui vaudra peut être d’être classé au patrimoine de l’UNESCO. Ce n’est pas tant la difficulté de l’orthographe qui pose problème, mais la dictée et son évaluation castratrice.
Gardons ce patrimoine unique et autorisons-nous le grand plaisir de faires des fautes pour le plaisir de la phote.
Igor Deperraz