Voltaire et ne pas se taire
Voltaire soulevait déjà le problème en 1765 dans un dialogue du dictionnaire philosophique. « il ne tient qu’à vous d’apprendre à penser, vous êtes né avec de l’esprit (…) osez pensez par vous-même » en réponse au personnage Medroso qui évoquait déjà le problème d’aujourd’hui « Il ne nous est permis ni d’écrire ni de parler ni même de penser »
La tradition anglo-saxonne de la totale liberté de la presse contre le joug oppressif de la Religion.
Le débat est ancien et il est dans la tradition républicaine Française que l’on peut dire, écrire caricaturer tout et n’importe quoi dans le respect de la jurisprudence spécialisée. Les intégristes chrétiens ou se réclamant du Coran et des ses interprétations viennent nous rappeler régulièrement qu’ils ne partagent pas cette grande idée des lumières.
Ils se sentent touchés par l’humiliation. Leur foi, leur intégrité physique est mise en cause. Nous les voyons donc régulièrement jeter une bombe dans un cinéma parisien, empêcher une pièce de théâtre, tuer en Tunisie, violer au Caire.
Leurs prêches ressemblent trop souvent à des invectives et des insultes contre l’autre mais de cela ils n’en n’ont cure.
Cet autre, celui qui ne partage pas leur foi, leur religion est à honnir.
Ils ne connaissent pas la lumière, leurs idées se nourrissent de l’obscurité. Comme des champignons, ils se propagent dans l’ombre pour mieux recouvrir les espaces de liberté.
30 morts pour un vulgaire pamphlet infâme qui ne mériterait pas une visite sur le net et combien de victimes demain pour une caricature ? On n’en espère aucune.
Les premières victimes, c’est nous. Nous qui cherchons la réponse à la montée de toutes ces attaques répétées contre « les anglais qui nous ont donné une entière liberté à la presse » pour reprendre Voltaire.
Nous qui nous déchirons pour savoir s’il est opportun de se battre, caricature en main pour ne pas céder un pouce de terrain à ceux qui voudraient nous mettre en cage. Que devons faire face à la barbarie ?
Pouvons-nous encore laisser prospérer sous nos yeux l’esprit de Munich ?
La Presse française ne peut se laisser intimider par une Religion. Aurait-elle l’ influence considérable que l’on lui connaît .La réponse est NON. Mais peut-on laisser un journal partir seul dans la bataille, sans concertation, ni réflexion. La réponse est NON ! Aussi
On ne met pas en danger des vies sans en avoir pesé le poids de ses actes.
Faire cavalier seul en brandissant l’étendard de la liberté et en tirer de substantiels bénéfices n’apporte pas au combat pour la lumière de la force et de la considération.
Il faut mutualiser les risques et mutualiser le message de Voltaire pour faire front commun aux intégristes. Faire un coup ne tordra pas le cou aux hommes que Platon décrivaient dans la caverne.
Igor deperraz