Profs expérimentés ou bonimentés
Envoyer les enseignants les plus expérimentés dans les établissements difficiles ne permettra pas de rétablir l’égalité républicaine. Cette mesure nécessitant une réforme des règles de nomination impliquera une forme coercitive ou incitative d’affectation. Quelque soit la méthode choisie, affecter sur des postes difficiles des enseignants ayant de l’expérience signifie aussi faire appel aux plus âgés de ce corps .Ce que l’on supporte avec difficultés à 25 ans, insultes, violences physique et symbolique devient anxiogène à plus de trente ans. Ce qui met les établissements difficiles en porte à faux avec la République n’est pas l’expérience ou la motivation des professeurs mais l’abandon par l’Etat de ses missions fondamentales. Il n’y a plus d’Etat dans les banlieues et ce constat est unanime. Un commissariat de quartier qui ferme la nuit ,des transports en commun qui changent de route pour éviter les jets de pierre ,des écoles qui vivent en état de siège permanent .Le vide ,laissé par les services publics est rempli par les chefs mafieux des réseaux qui organisent la sécurité et l’aide sociale. Pour ces parrains, point besoin d’éducation pour se livrer à la vente de drogue ou pour organiser la prostitution. L’éducation et l’école sont vécues comme des citadelles assiégées qu’il faut sinon détruire, du moins ne pas écouter. En voulant mettre des professeurs chevronnés comme le veut l’expression consacrée, on donnera des gages de sérieux dans les ministères mais on ne fera que brasser de l’air. Cette logique d’adaptation, pour ne pas dire de compromission poussera les politiques à mettre, lorsque les professeurs chevronnés auront démissionnés, des militaires pour rétablir un Ordre perdu. Ce plan de réhabilitation des banlieues est une priorité nationale qui attend depuis vingt ans son financement et son grand ministère. Lorsque l’Etat aura rétablit le contrat citoyen avec ses habitants, les enseignants se bousculeront pour travailler dans les grandes villes. En attendant, la haine et la souffrance s’installent de parts et autres rendant chaque jour un peu lus difficile l’édification d’une éducation nationale.
Igor deperraz