Temps et tant de travail
Augmenter le temps de travail dans les entreprises et administrations permettrait certainement d’augmenter la productivité théorique des postes de travail .En supprimant les vacances des enseignants ,des magistrats ou des journalistes ,les entreprises et administrations dégageraient mathématiquement des postes de travail et réduiraient leur coût. Une façon de tordre le cou aux trente cinq heures et à la société de loisir tout en préservant la société de consommation. Plus d’articles et de signes aux mètres carrés donnent moins de journalistes, plus d’heures de cours donnent plus d’élèves par enseignant .Remettre au travail les nantis ne déplairaient pas à feu Raymond Barre. Cette vue mécanique du travail se heurte pourtant au principe de responsabilité individuelle dans l’accomplissement d’une tache et à la qualité intrinsèque de ce travail. Lorsqu’un médecin reçoit un malade dans son cabinet quelques minutes et décèle rapidement une tumeur, pendant qu’un autre prendra une heure pour prescrire trois cachets d’aspirine ; le temps de travail objectif ne plaide pas en faveur d’une augmentation du temps de présence des médecins. Les vacances et les loisirs font parti intégrante du développement de la personnalité .Si des efforts doivent être fait pour la rentabilité sociale et économique, ils sont à chercher dans une diminution des salaires. Admettons que les professeurs, les journalistes, les magistrats, les postiers sont trop payés et renoncent à dix pour cent de leur salaire, pour mettre en péréquation le niveau de rémunération dans l’effort de crise. Cette idée heurterait les syndicats, habitués à réclamer à l’aveugle des hausses de salaires et les salariés intoxiqués par l’accumulation frénétique de biens de consommation. Défendre les trente cinq heures et la société des loisirs, c’est avant tout se battre pour le mieux vivre ensemble. Travailler moins mais travailler mieux, c’est défendre le droit à la paresse et non le droit des paresseux.
Igor deperraz