Donut franchouillard
Donuts, chouchou, loulou… les vendeurs à la sauvette qui arpentent inlassablement le bord des plages pour proposer ce beignet américain d’origine hollandaise font partie du paysage des vacances. Sur un plateau ou un panier, ils utilisent un langage très coloré et féminisé pour désigner cette succulente friture au goût de foire. Le son {ouhhhh]ressort majoritairement dans cette chanson sensée réveillée le gourmand ou la gourmande sous son parasol. Lecteur de livres imprimés sur papier bible s’abstenir !
L’homme et quelquefois la femme se promènent en maillot de bain pour se fondre dans la foule compacte transpirant la crème solaire. Pour deux euros environ, le bambin lâche son seau pour revenir avec le précieux sésame du bonheur en friture. La blonde écarlate pointe le bout de ses seins pour croquer dans le fruit défendu. Ce gâteau saturé en graisse est aujourd’hui fabriqué en chine, décongelé en France et livré directement au consommateur. Le donut n’a pas toujours été cette pâte frit dans les hangars de la mondialisation, il a été à l’origine de la conquête de l’ouest et a réconforté bien des aventuriers.
Sa fabrication à base de levain, de beurre nécessite plus de trois heures de préparation et la patience est de rigueur pour arriver à l’étape ultime : la friture à 180 degrés. Il n’y a pas de label rouge « Donut français » et c’est regrettable ,on serait quand même en droit d’avoir sur le bord de nos plages de bons produits fait avec des matières premières issues du terroir ! Le Donut « made in France » attend encore sa reconnaissance. En attendant délectons-nous de cette théâtralisation à la manière de la cage aux folles en tournant les pages de l’excellent ouvrage d’Enid Blyton « Five go off to camp ». À chacun ses valeurs…
Igor Deperraz