Catastrophe ferroviaire sous adrénaline
Des images d’une caméra de surveillance qui passe en boucle sur les chaînes du monde entier. Un train qui roule à une vitesse excessive. Quatre-vingts personnes qui sont en train de perdre la vie.. C’est le récit morbide d’une catastrophe ferroviaire. Qu’apportent ces images en termes d’information ? On y voit à la fois la performance du matériel dans sa tenue de voie. Des protections en béton qui jouent leur rôle, mais aussi la réalité de la grande vitesse qui n’échappe aux règles de la physique élémentaire. Depuis plus de vingt ans, on demande aux automobilistes de réduire leur vitesse et d’un autre côté, on l’augmente sur le réseau ferroviaire. Les lignes à haute vitesse ne sont pas si fiables et sures. Comme pour la route, plus le réseau se densifie, plus les conducteurs de ce type de rames banalisent leur comportement. Le conducteur de la rame espagnol à aborder le virage en faisant une totale confiance au matériel .Téléphone en main, à pleine puissance. C’est ce que l’on appelle en terme commun « être grisé par la vitesse ». Il est un effet peu étudié sur le comportement des cheminots, c’est l’addiction à la grande vitesse. La vidéo est explicite : le mur en béton et la courbe donnent comme en moto une impression de vitesse à faire monter l’adrénaline. Il est arrivé à ce conducteur de locomotive ce qui arrive aux motards les plus chevronnés, sortir de sa trajectoire en ayant surestimé la qualité du revêtement. Il ne serait pas surprenant que l’on découvre que d’autres trains sont passés à cet endroit en côtoyant les 160 km heures. 10 kilomètre-heure en trop qui ont sorti la rame de ses rails …la banalisation de la vitesse est une erreur en termes de sécurité, elle est pourtant devenue la vitrine technologique des sociétés de chemin de fer européen.
Igor Deperraz