Musées numériques
La numérisation en haute définition des tableaux des grandes peintures par le premier moteur de recherche préfigure le musée du 21 siècle. Un nouveau musée, virtuelle, ou l’écran plat haute définition remplace la toile de lin. Cette évolution ne perturbera en rien les abonnées des musées, habitués depuis quelques années à contempler les plus grands tableaux à bonne distance derrière une épaisse vitre de verre. Le musée, dans sa configuration actuelle doit se réformer, tant les progrès qui s’annoncent permettront, non seulement de regarder un tableau dans sa colorimétrie la plus fidèle, mais à terme de reproduire sur une imprimante à jet d’huile le tableau avec ses superposition de couche et de relief. Le public ne se déplacera bientôt plus au musée mais c’est le musée qui se déplacera à travers la toile. Il y subsistera bien sur le choc émotif des grands formats ; Un Pollock au musée du New York ou un Delacroix au Louvre auront, en attendant les progrès de l’ encre numérique un peu de répit .La grande majorité des peintures accroché aux murs actuellement ont cependant un format compatible avec les écrans plats ou les imprimantes grand format. Le regard sur l’œuvre, l’idée très subjective de partager un moment d’intimité avec le peintre s effaceront devant les contingences matérielles .Files d’attente interminable, salles bondées, touristes pressées. Le temps viendra alors pour les grands musées de n’exposer que quelques tableaux, pour un public averti .il redeviendra alors possible de sentir le vernis sur la toile, d’y entrevoir les stigmates du temps. Comme les concerts organisés pour des milliers de personnes, ou le spectateur ne voit qu’une image sur écran, les musée, de par leur succès ont transformé le regard des amateurs de peinture et préparé sans le savoir leur propre fin.
Igor Deperraz