Mort à crédit au Mali
Une fois de plus… deux journalistes, Ghislaine Dupont et Claude Verlon sont les victimes du droit à l’information que l’on croyait inviolable. Jamais nous n’avons eu tant de moyens techniques pour couvrir les évènements de la planète et cependant jamais nous n’avons été aussi démunis devant la fragilité de ce métier.
Caméra cachée, téléphone portable pour filmer un évènement, les journalistes se terrent et n’ont plus le droit de cité. Que l’on soit au Mali où aux portes de Paris, le simple fait de vouloir appréhender la vérité met en danger celui qui la recherche. Avec un simple appareil photo ou un petit carnet de notes, le journaliste est devenu la cible à abattre.
Les reporters sont aujourd’hui condamnés à être embarqués avec les forces armées. Leurs images sont contrôlées et l’on ne peut plus parler d’information, mais de pseudo- propagande. On constate avec naïveté que l’ensemble des acteurs du monde a fini par s’approprier le flux d’information en continu et ses techniques.
L’âge d’or de l’information citoyenne, du reportage et de l’investigation de terrain est en recul. Malgré les informations péremptoires de la direction de RFI sur le droit à l’information, on comprendrait mal aujourd’hui que des médias français envoient sans protection des journalistes dans cette région du monde comme en Syrie.
Que savait-on au fond à l’époque de l’Union soviétique de ce qui se passait réellement dans ce pays ? Nous avons cru naïvement qu’après la chute du mur de Berlin la transparence s’imposerait à tous, qu’il n’y aurait plus une moitié du monde sous couvre-feu, nous découvrons aujourd’hui qu’il n’y avait pas que les rideaux de fer qui empêcheraient les journalistes d’investiguer, mais aussi la barbarie sans visage qui pose ses frontières dans les pas des hommes en quête d’informations . La mort de deux journalistes au Mali confirme la fin de ce droit à l‘information que l’on croyait enfin acquis...
Igor Deperraz