343 salopards dans une camionnette en bord de Nationale
C’est un bon coup de pub pour le magasine Causeur et on espère pour lui qu’il profitera de cette aubaine pour améliorer ses choix rédactionnels. Le manifeste des 343 salopards fait écho à « touche pas à ma pute ». Un plaidoyon (néologisme) pour la prostitution et surtout pour contester publiquement le projet de loi condamnant les clients des prostituées.
En soi le débat est vieux comme le monde et il ne s’éteindra pas avec la prohibition de la vente des corps, mais le plus vieux métier du monde fait partie de ses barrières morales que l’on ne peut franchir sans entrer dans la complaisance. La prostitution est en grande partie liée à l’exploitation des femmes et ce n’est pas parce que quelques beautés singulières monnayent leurs charmes à prix d’or que la majorité d’entre elles ne sont pas esclave des réseaux mafieux.
Lorsque le Nouvel observateur publia le manifeste des 343 salopes pour permettre aux femmes d’accéder à la contraception, la revendication était émancipatrice et d’une grande portée morale. Aujourd’hui les 343 petits cons n’ont d’autres intérêts que de se faire mousser sans bourse déliée. Personne ne leur conteste le droit de se livrer à leur passe-temps favori, mais ce qui est le plus imbécile, c’est d’oublier que les prostituées des clients bobos parisiens ne vivent certainement pas la vente de leur intimité comme la majorité des femmes bulgares ou nigériennes sommées d’abattre dans une camionnette 343 salopards par jour.
Et c’est là où le magazine dérape, le manque de discernement dans le sujet blesse l’exercice des libertés fondamentales et du regard critique d’une presse d’opinion.
Igor Deperraz