Chronique sans Nietzche
Il est des charmes qui ne disparaîtront pas avec l’ère numérique, c’est la découverte au coin d’une rue d’un petit bouquiniste proposant au chaland ses trouvailles pour quelques euros. Des vieilleries qui sonnent la cloche d’une édition révolue et vous plongent dans des textes que la société de l’immédiateté a oubliés ou n’a pas réédités.
Des livres qui restent pourtant d’une actuelle vérité et sincérité. C’est souvent la réponse du jour que l’on cherche au fond de soi et qui s’impose comme une vérité révélée. Je cherchais certainement en moi la réponse à cette question qui taraude les chroniqueurs qui usent les claviers de leur PC pour produire du sens et quelques vérités en essayant d’élargir leur cercle de lecteurs disparus. En feuilletant un de ces ouvrages sous une pile de polars des années 70, j’ai trouvé ce texte qui répondait à une question qui me taraudait depuis quelques jours
« la fonction maïeutique du rédacteur en chef d’une rubrique est délicate ,désintéressée et parfois ingrate ;elle est celle d’un homme de l’ombre qui cherche à déstabiliser l’auteur- pour qu’au fil de son écriture ,il prenne davantage conscience de sa liberté d’être, de sa force créatrice et acquière la distance nécessaire pour juger de sa pensée et de son expression au nom d’un groupe social dont marginal lui-même ,il est le témoin privilégié »
Que devenait donc cette presse écrite que l’on disait en crise qui n’acceptait plus d’ouvrir ses portes aux témoins privilégiés de leur époque ,excluant tout à la fois des milliers d’auteurs, mais certainement des milliers de lecteurs ne se retrouvant plus dans la lecture d’articles convenus reflétant les préoccupations sincères et justes de l’oligarchie parisienne. »Pour voir une chose entièrement, l’homme doit avoir deux yeux, un d’amour et un de haine. F Nietzche
Igor Deperraz