Si les trains attendent toujours d’être mis à quai et s’il faut frémir dans le froid devant les panneaux d’affichage il faut reconnaitre que la gare Saint Lazare a véritablement pris un nouveau départ. La nouvelle conception des lieux a fluidifié les rapports sociaux et donné plus d’aisance aux voyageurs en partance pour la frontière ouest. On peut tranquillement lire un journal à la terrasse d’un café ou jouer quelques notes sur un piano mis à disposition. Des pas de danse surprennent parfois le timide pianiste du moment. Des amoureux télescopent des touristes en partance pour l’Angleterre et engagent la conversation avec un jeune attendant son train de banlieue. La clarté et la propreté incite à la civilité et au dialogue. La gare Saint Lazare n’a pas fait que de ressusciter son passé impressionniste, elle a repris le dialogue perdu avec ses usagers. D’une des places les plus sinistres de la capitale, les concepteurs du projet ont su en faire une agora contemporaine. Si l’on généralisait ce principe aux banlieues, non en entamant de çi de là des projets de réhabilitations ponctuelles mais en engageant un plan national d’agorasisation des ensembles construits dans les années 7O, le dialogue et la fluidité des mouvements aérait ces espaces en déshérence. L’Urbanisme est l’un des facteurs primordiaux de la cohésion spatio-temporelle. Sa forme structurelle encercle le processus du vivre ensemble pour exclure ou inclure les acteurs .Dans cette réussite que certain trouveront trop commerciale et sécuritaire, il faut retenir les formes et les courbes qui donnent à cet ensemble une touche de féminité dans un univers ferroviaire traditionnellement masculin…
Igor Deperraz