Envoyé spécial à Cleveland
Cleveland, une ville américaine touchée par le chômage et le désespoir fait la Une de la Presse internationale pour un fait divers sordide qui peut tenir en deux lignes : Ariel Castro, chauffeur de bus a séquestré et violé pendant dix ans des jeunes filles qu’il avait séquestrées. Très vite à la lecture de cette dépêche, on comprend qu’il n’y a aucune explication ni information à chercher dans ce geste d’une bestialité crue et drue. Au lieu de traiter cette affaire comme un banal fait divers qui arrive malheureusement chaque jour dans le monde, La presse de référence s’entête et persiste dans sa recherche du sordide. Comme pour mieux plagier les Tabloïds qu’elle aimait tant raillés au temps de sa splendeur. « Ariel Castro pourrait être poursuivi pour meurtre » Le Monde .fr . Une information ! « À Cleveland les séquestrées vivaient dans des conditions épouvantables au mieux » est-ce mieux que dans les ateliers du Bangladesh ? Et pour finir, le Parisien et le figaro ont un scoop « Le procureur cherche à requérir la peine de mort ». Les titres ne manquent pas d’imagination non plus « La maison de l’horreur ». Les voisins qui ont enfin baissé le son de leur poste de télévision pour entendre les cris de désespoir des victimes ont rapidement fait une chanson de cette libération aux retombées internationales. De quoi nous faire oublier le sang de nos T-shirts bio produit au Bangladesh ! Tout est question de priorité dans l’information, y compris dans la Presse de référence ou devrait – on plutôt dire aujourd’hui la presse d’indifférence ?
Igor Deperraz