Entre deux chaises, le vide.
Les directrices et directeurs d’école sont depuis plusieurs dizaines d’années en proie au doute. Ils jonglent avec leur situation d’entre-deux chaises. Ils sont les « ni, ni » de l’Education Nationale. Ni la paye, ni la reconnaissance due à leur fonction de gestionnaire administratif des écoles publiques.
Un manque à gagner qui fait qu’un professeur remplaçant touche aujourd’hui plus que le représentant d’une équipe élargie atteignant parfois trente personnes.
Après avoir repoussé le statut des Maîtres-directeurs, aucune organisation sociale n’a trouvé de solutions législatives consensuelles à leur position administrative inconfortable.
Ce « statut » revendiqué effraie parce qu’il peut entraîner des conséquences financières sur le budget de l’Etat s’il n’est pas accompagné d’une redéfinition des compétences territoriales en ce qui concerne le financement des écoles.
La com-com ou le département sont les deux ordonnateurs possibles des établissements primaires. Une « concentration »qui entraînerait nécessairement un redéploiement des moyens et une meilleure répartition des deniers publics. L’exemple des collèges et des lycées est là pour donner un gage de bonne conduite en matière éducative à au moins une de ces deux institutions.
Regrouper les moyens et optimiser la ressource ne pourra trouver solution que dans le regroupement d’entité comprenant au moins cinq classes et correspondant aux cinq cours traditionnelles. Une redéfinition patrimoniale, remettant en cause les petites écoles rurales ravivera les éternelles querelles de clocher.
On le voit, Donner un statut au Directeur, c’est penser l’école autrement. C’est aussi penser idéologiquement l’école de demain.
En ce qui concerne la compétence et la nomination des personnels, si l’on peut admettre la validité des acquis professionnels pour les directeurs en poste, on peut aussi espérer qu’un recrutement sur concours donnerait une garantie républicaine favorisant la mobilité administrative.
En résumé, le statut des Directeurs d’école est au cœur d’une réflexion globale sur la place de l’école communale dans la décentralisation et plus généralement sur l’évolution de l’Education Nationale. Les politiques auront dans quelques mois ou années à trancher l’épineuse question de l’autogestion ou de l’autonomie des établissements primaires. Ces deux notions n’entraînant pas la même signification statutaire. Dans le premier cas, le Directeur est le partenaire choisi ou à rapport hiérarchique constant, dans le deuxième cas il en est le Patron. Deux notions antagonistes qui focalisent le débat sur le terrain des options politiques et qui ont à ce jour figé l’évolution d’un statu quo de plus en plus mal vécu.
Igor deperraz