Un subjonctif qui dégage
Les mots et le temps des verbes conjugués envahissent les foules pour porter leur message unique de communion et de liberté. « Dégage » ne fait pas exception à la règle, il est devenu en quelques mois, le relais, le témoin d’une réalité vécu par une jeunesse en mal de reconnaissance. Cet impératif qui s’impose face au subjonctif est le signe tangible d’une volonté affirmée de ne pas mettre ses pieds dans les traces des anciens. « Vive la révolution »déclinée par les mouvements révolutionnaires d’Amérique centrale portait le temps du subjonctif au pinacle des chants révolutionnaires .La nuance entre ces deux affirmations est de taille. Si le subjonctif n’engage pas la réalité du fait, l’impératif se rapproche de la phrase optative qui exclut la volonté humaine.
Deux temps pour deux révolutions, Deux verbes pour deux générations. La grammaire du verbe emporte donc les conceptions politiques par de simples variations lexicales. Des verbes et des temps, en perpétuels évolurévolutions .De la madeleine de Proust qui trempait sa norme sociale dans la douceur du verbe à la textorapologie de notre époque, la langue a choisi le parlé bref pour retirer ce qui restait en gage au siècle dernier .Soit une révolution ! Ce subjonctif qui s’ennuie dans les tiroirs, finira par revenir à l’aube des désillusions.une lutte infinie dans un temps circonscrit .
Igor Deperraz