Les nouveaux « éléphants de garde »
Quel rôle aura joué la Presse dans la défaite annoncée de Nicolas Sarkozy et dans la victoire de Monsieur François Hollande ? La polémique aura commencé bien avant la diffusion d’un film par essence provocateur : « les nouveaux chiens de garde ». Un pamphlet qui tente de démontrer la soumission des journalistes à l’économie de marché et de ses bienfaits. En « faisant des ménages », les journalistes en vue se voient rétribuer et d’une certaine façon achetés par les industriels, leurs employeurs. Cette manipulation de l’opinion par le monopole de la pensée unique influencerait l’opinion publique et à terme imposerait ses choix politiques de classe. Dans cette logique François Hollande serait donc le nouveau défenseur de cette économie libérale et le mieux à même de défendre les grands intérêts capitalistiques français. Un point de vue un peu grossier qui oublie que la Presse est aujourd’hui sur une phase descendante et qu’elle n’est plus aujourd’hui faiseuse de Président ». Il n’est interdit à personne d’acheter le quotidien « l’Humanité » et d’y lire des critiques envers le patronat ou de s’abonner au « Monde diplomatique » pour y lire les analyses de Serge Halimi. Le lecteur a le choix et il ne le fait pas. Les ventes du quotidien l’humanité n’atteignent pas le million d’exemplaire dans un France qui compte des millions de personnes en situation de précarité. Pourquoi donc la Presse d’opinion critique envers le Marché n’arrive elle pas à convaincre des nouveaux lecteurs et pourquoi la Presse sous influence des actionnaires n’y arrive pas non plus ? Ne peut-on y voir tout simplement une maturité de l’opinion publique. Les différents supports d’information qui mêlent le Web, les réseaux sociaux et les médias ont mis en concurrence les chroniqueurs et commentateurs. Le public ne s’y trompe pas en piochant dans ce flot ininterrompu de nouvelles ce qui lui semble le plus proche de ses convictions. François Hollande est certainement le fruit d’un système établi et proche des milieux d’affaire. Il n’en reste pas moins porteur d’un autre message que son concurrent. L’opinion publique n’est pas dupe des limites et connivences du candidat socialiste mais elle a fait son choix, non en fonction de ce que les médias ont essayé de lui vendre mais bien au regard des faits et gestes de celui qui est censé représenté la synthèse des intérêts contradictoires. Nicolas Sarkozy est son propre ennemi. Sa défaite n’est que le fruit de son ignorance et de son arrogance envers une opinion publique qui sait ce qu’elle veut et qui n’écoutent pas avec assiduité les média qui prêchent la bonne parole. La victoire annoncée de François Hollande par défaut s’inscrit dans la continuité de la République et de ses valeurs sans autre influence que le bon sens républicain.
Igor deperraz