Cahusac chahusac ?
C’est ce que l’on peut d’ores et déjà qualifier d’affaire du quinquennat Hollande qui s’ouvre aujourd’hui avec la démission de Jérôme Cahusac . Sur un fond de séparation conjugale et de rivalité politique, l’homme s’est retrouvé fragilisé par le déballage de sa vie privée. L exploitation d’un enregistrement le mettant en cause dans une affaire de blanchissement d’argent provenant de laboratoires pharmaceutiques privés a porté le doute sur la probité du premier contrôleur fiscal . Le ministre délégué chargé du budget ne pouvait plus longtemps tenir sa position de présomption universelle d’innocence.
La Suisse ne donnera jamais d’informations sur un compte alimenté par de l’argent propre et honorablement gagné. Il ne saurait être question de Morale pour les Helvètes. C’est l’esprit même d’un placement en Suisse de garantir à son utilisateur l’anonymat et la mise au secret des fonds.
On ne pourra donc jamais connaître la « vérité » fiscale sur les placements supposés du ministre du Budget. Quelques témoins à charge et l’authentification statistique d’un enregistrement ne teindront pas non plus la route sur le long chemin judiciaire qui se dessine. Après tout ,Monsieur Cahusac pourra très bien expliquer au juge qu’il a pu prononcer ses mots sur un répondeur pour impressionner son interlocuteur ou pour lancer une information erronée dans le but de déstabiliser des opposants politiques . N’est-on pas libre de raconter ce que l’on veut dans ses conversations privées ? Juridiquement, le compte en Suisse supposé n’est qu’une fiction qui se terminera par un non-lieu.
Politiquement il sera lourd de conséquences pour François Hollande. Dans sa posture philosophique de ménager sans discernement la chèvre et le chou, l’ancien secrétaire du Parti socialiste s’est coupé les deux mains*(Cicéron). Face aux appétits sans limites de la finance ,il s’est vu entraîner dans la spirale de la rigueur ,du chômage et au final de l’exclusion d’une grande majorité des Français qui avaient plébiscité son action réformatrice .
Cette affaire ne condamne pas le comportement supposé d’un homme face aux stratégies d’enrichissement personnel, elle condamne l’action même d’un gouvernement de gauche, abrité derrière le concept de probité pour imposer au pays une cure d’austérité le menant aux inévitables retranchements populistes. François Hollande n’est pas coupable, mais responsable des dérives libérales de son gouvernement. Si les ministres passent, la caravane continue d’aboyer.
Igor deperraz