Bonnets rouges et noirs bonnets
Les manifestations bretonnes montent en intensité sans que l’on puisse vraiment connaître les motivations politiques des manifestants. À visage découvert, des patrons n’hésitent pas à revendiquer la destruction d’une grille de sous préfecture, des agriculteurs déversent des tombereaux de fumier, des ouvriers brûlent des pneus, d’autres détruisent des portiques sur la Nationale. Tous sont victimes de la crise économique qui frappe durement la Bretagne et l’on peut comprendre leur colère.
Ce que l’on a du mal à comprendre, c’est pourquoi l’État et son chef François Hollande n’usent pas du pouvoir régalien que l’on peut considérer comme un pouvoir de classe, mais qui a le mérite de poser des repères dans une société qui part de plus en plus vers une dérive frontiste. L’écotaxe est une bonne mesure qu’il convient d’amender, mais qui ne justifie aucunement ces faits de violence gratuite et impunie ; tout comme le démontage de grilles d’une préfecture n’est pas tolérable dans un État de droit.
La violence n’est pas une réponse lorsqu’elle détruit le bien commun et met à la charge de la collectivité ses conséquences. Sous les bonnets rouges, la plage de l’inculture politique... Aucune force politique aujourd’hui ne répond à la demande revendicative. Ce vide donne à Marine Le Pen un grand boulevard de la désinformation. Ce front populaire du 21 siècle n’est dans les faits et l’action qu’un front populiste profitant du flou du pouvoir pour imposer sa politique du pire. Une politique qui mélange tout à la fois le refus de la fiscalité et le refus de la suppression des aides publiques.
Une dialectique qu’affectionnent particulièrement les orateurs du front national qui sont passés maîtres dans l’Art de proposer une politique des contraires. Des bonnets rouges qui pourraient devenir des bonnets noirs si les acteurs politiques ne proposent pas des repères institutionnels aux dérives que l’on peut constater dans des manifestations, certes légitimes, mais trop souvent incontrôlables
Igor Deperraz