Un Visa pour l’image
Le succès du rendez-vous annuel des photographes de Perpignan conforte l’Art photographique, mais ne peut faire oublier la crise profonde qui traverse la profession.
Il ne reste plus en France que 800 cartes de presse en rapport avec l’image. Au-delà de la crise des journaux, il existe un malaise profond qui fait qu’aujourd’hui, il est impossible d’avoir des clichés de Daech, mais aussi des quartiers sensibles.
Nous acceptons qu’un supermarché nous suive à la trace, que des milliers d’inconnus fassent des photos sur Facebook ou instagram, mais nous ne voulons pas qu’un photographe nous demande si l’on peut faire un cliché d’un spectacle ou d’une banale scène de rue
L’excellent photographe Olivier Lejeune du Parisien se voit refuser par une troupe de théâtre l’entrée et la prise de quelques clichés au prétexte qu’il n’a qu’à acheter les photos officielles de la troupe.
Comment du reste demander une autorisation pour des photographies de rue sans dénaturer le sujet et surtout sans risque de se prendre une balle.
On peut comme les paparazzi louer un téléobjectif à 5000 euros pour prendre des photos sur le vif, mais la qualité et le manque de perspective enlèverait tout sens à l’approche esthétique.
Il est important que la loi protège les sources des journalistes et redonne aux photographes la liberté nécessaire à la liberté d’expression artistique.
Dans notre société où l’on gaspille tant de pixels, il est presque inconvenant que l’on ait moins d’information qu’au temps de l’argentique .Le photographe de presse est en voie de disparition et si rien ne change, il n’y aura bientôt plus que des journalistes embarqués sur les terrains extérieurs et dans nos quartiers…
Igor Deperraz