L'ecole du Web.2
Est-ce un phénomène en devenir ou récurrent en temps de crise, certains enfants ne supportent plus de côtoyer au quotidien leurs camarades d’école .Ils mûrissent au fond d’eux le rêve inconscient de vivre le quotidien scolaire, seuls ou du moins entourés des enfants qui leur ressemblent. De la parité, ils n’en ont cure, on veut être entre garçons, entre filles, entre voisins, délimitant leur espace comme les quartiers qui marquent une appartenance sociale plus qu’une appartenance géographique.
Dans le quotidien, cette affirmation peut s’exprimer par la peur millénaire du pou, censé coloniser les têtes non couronnées .Des vols de crayons accablant les plus fragiles .Des petites histoires d’enfants que l’on a toujours connu, la guerre des boutons, version moderne.
La télévision, ce formidable outil de cohésion sociale ne remplit plus son rôle .La multiplication des programmes empêchant tout simplement un discours commun. Arte pour les uns, les chaînes aux images provocantes, violant l’enfance pour les autres ou plus simplement le flot ininterrompue d’images et de son ponctuées de temps à autre par un pilon de poulet grignoté dans un emballage papier.
La vie accélérée et déflorée au rythme des images pornographiques qui abreuvent les écrans plats des chambres fermées qui s’oppose à la vie d’attention et d’hyper protection du parent isolé ou soucieux de mettre les petits plats dans les grands.
Des vies parallèles qui se rejoignent trop souvent à l’occasion d’insultes, mépris et volonté de s’isoler de l’autre.
De l’école républicaine, dispensant un enseignement unique, les pédagogues, avec une intention louable ont prôné la pédagogie différenciée. A chacun selon ses besoins .Pour les plus faibles, du soutien personnalisé et pour ceux trop différents, des enseignants spécialisés .
Si les résultats en terme scolaire sont au rendez vous ou du moins servent à améliorer les points faibles, le fossé se creuse en ce qui concerne le socle commun d’enfance .Différencier n’est il pas stigmatiser ? Certainement pas …La presse pour enfants s’est positionnée depuis très longtemps .Deux journaux se partagent le marché ,un quotidien ,très accessible et un hebdomadaire qui n’hésite pas à aborder avec de très bonnes analyses les évolutions politiques du Monde .Du haut de gamme et du bon niveau. Deux lectures pour deux sortes de lecteurs .Peut être un jour pour deux écoles. Elles fleurissent et font le plein, les écoles privées, même si elles s’en défendent et s’engouffrent dans cette dualité sociale sans se poser de questions. .A Paris, pour de bonnes raisons, les écoles juives ne reçoivent que des juifs soucieux d’étudier dans le respect de la foi le Talmud. Les musulmans, parents pauvres de la loi scolaire et dont les parents sont soucieux d’élévation sociale et d’intégration réclameront un jour l’enseignement du Coran aux seuls musulmans. Dans ce mouvement généralisé, d’individualisme scolaire, les nouvelles technologies et les grandes entreprises internationales vendant des logiciels et de la mémoire se sont engouffrées pour développer l’école numérique.
Cette école qui rentre dans les foyers avec le Web.2 et donne en direct les notes et les devoirs, met en ligne les cours ; apporte une réponse à ce besoin d’être et de rester entre soi. Une relation personnelle entre l’enseignant et l’élève, sans dimanche et s’en excuse pour aller jouer lorsque le soleil brille au dehors .Orwell l’avait pensé, ces sociétés l’ont réalisé .Dans ce système totalitaire qui prive d’espace privé l’enfance. Quel modèle d’adultes allons nous récolter ? L’intimité de la vie privée étant largement menacée par les réseaux dits sociaux Bientôt l’employeur ou le professeur surprendra au lit les moins actifs. Repensons à cette phrase de Thucyddide « Il faut choisir :se reposer ou être libre »
Igor deperraz