Café amer
Si tous les petits matins commençaient ,par un café ,un petit noir au Zinc, d’un de ces bistrots qui sent bon le pain chaud et le journal tout frais .Un petit brin de causette avant de lever le coude sur la tasse de porcelaine bien chaude pour ne plus entendre le bruit de la sous- tasse retombée avec splendeur .Un petit café moulu ,tout rond ,tout joyeux de ses arômes qui traversent les océans .Des sacs de grains grillés ,par un matin plein d’entrain pour nous emmener au lointain .Mais voila ,le café du comptoir n’a plus le bon goût de nos vingt ans. Il est fade et rabougri dans son sac de papier jauni .Rapidement serré et étriqué dans son petit prix, il respire le mauvais sac et le mauvais grain .C’est du jus de liquette, qui nous surprend au creux de la gorge et tombe en chaussette dans l’estomac. Il est où, ce petit bistrot aux arômes de café, vapeur ensoleillée de nos péchés mignons. Ces petits matins donc, finissent au bureau autour de la machine à café, celle qui fait tomber des pianos et des orages sur ses clients. Un marché qui vaut de l’or pour les alchimistes du goût de l’arabica et du robusta .Le café du bistrot des petits matins qui chantent. La concurrence se creuse la tête, invente la capsule plastique qui manque de pression et maintenant la capsule à remplir soit même .Des heures à faire les apprentis artificiers .D’un coté la capsule, de l’autre le café et puis l’étiquette. Il faut presser, fermer et enfin goûter .Un café chaussette au goût des petits noirs.
Quand reviendra le temps des cafés qui sentent bon le métro parisien .Quand aurons nous enfin l’origine et la provenance de ce que nous servent ces petits escrocs du petit matin qui s’en vont une tasse à la main pour un prix incertain. Le bon café à un prix mais l’honneur et la tradition du bistrot à la Française n’en n’a plus .Tristes arômes pour des tropiques enrhumés.
Igor Deperraz