Qui ?
Qui parle à qui ? C’est la question que doivent se poser chaque jour les officiers chargés de traiter du dispositif de surveillance des communications de la DGSE. L’ »infrastructure de mutualisation » permet en effet de dresser rapidement une arborescence des liens et ainsi de cerner les groupes menaçant le territoire. Cet objectif louable rentre dans les objectifs de sécurité nationale mais n’a pas à ce jour un cadre très légal. Par définition, un service secret n’a pas non plus pour vocation à agir dans la plus totale transparence ! On peut donc douter que les cibles ne soient choisies que pour la menace qu’ils représentent pour la démocratie. Les communications interceptées ne sont peut être pas stockées chez Big Brother mais une simple clef USB peut servir de mémoire furtive à l’insu du cadre réglementaire .L’affaire Cahuzac est une nouvelle fois intéressante. L’enregistrement sur un répondeur d’une communication portant la voix du fraudeur a permis de confondre le contrevenant pour reprendre une phraséologie policière. Les majorités changent, les Directeurs des services partent en retraite …Cette surveillance insidieuse n’a pas d’effet immédiat sur le droit des personnes, elle est même aujourd’hui complètement indolore. En sera-t-elle de même si demain un Parti nauséabond s’empare du pouvoir et ressort dans une pêche miraculeuse des enregistrements de plus de vingt ans ? Les terroristes utilisent des téléphones cryptés ou empruntent des identités ! L’intérêt d’une surveillance généralisée ne peut se justifier que par les économies de moyen qu’elle suppose. On pêche dans ses filets tous les poissons et en cas de problème, on sélectionne. Cette démarche comptable porte en elle une faute de démocratie qu’il serait urgent de porter sur la place publique .L’affaire Snowden n’est que l’iceberg de la dérive sécuritaire d’une course à la cookisation de nos échanges. Nous ne serons bientôt plus que des liens et non des sujets .Un débat qui nécessiterait une ligne dans la Constitution ?
Igor Deperraz