Pictes aux hormones
Ce devait être l’évènement tant attendu de l’année : la parution du trente-cinquième épisode d’Astérix sans ses célèbres créateurs mais avec le dessin de Didier Conrad et la mise en scène de d’Yves Ferri. Uderzo assurant pour l’occasion la supervision de l’album sans malheureusement chausser ses verres correcteurs. Les Pictes sont à l’honneur dans un album sans saveur et sans véritable prise en compte de la dimension spécifique de ce peuple à la langue perdue. Ces descendants des caledonici occupaient l’actuelle écosse et ont vécu jusqu’au X siècles dans une relative et tumultueuse indépendance. C’est la trahison pour certains, l’assimilation à la perfide Albion qui les fit disparaitre. Ils refont surface aujourd’hui dans les étales des supermarchés entre la choucroute et le pâté Henaff. Les promoteurs d’Astérix ont mis le paquet en alignant le même jour dans toutes les librairies une centaine d’album sur un présentoir en carton de mauvais goût. «Le picte » de l’album arrive congelé sur la côte bretonne sous la forme d’un pilier de rugby nourrit aux hormones de synthèse. Ses traits efféminés le rendent particulièrement niais comme le reste du scénario. De quoi faire réagir les descendants des Pictes et leurs cousins bretons dans une action digne du front de libération breton. Les éditeurs n’auront donc pas eu la dignité de mettre fin à ce chef d’œuvre du patrimoine national, ils en auront remis une couche sur le dos des corps peints qui n’auront au final laissé comme trace dans la mémoire collective que les « Broch » (tour ronde) et l’insipide Astérix. Décidemment, c’est bien la trahison qui aura eu raison des pictes. Ces tatoués auront résistés à l’empire romains, aux peuples germaniques mais auront succombé à l’absurde appât du gain qui n’épargne décidemment plus l’imaginaire de feu notre jeunesse.
Igor Deperraz