Marseille dans l’Action directe
Marseille se refait une virginité. Culture, architecture, vidéo surveillance, la ville prend en ce début de21 siècle un nouveau virage avec la volonté affichée de devenir la capitale européenne émergente de ces prochaines années. Le centre-ville a d’ailleurs réussi sa mue et il est aujourd’hui impossible de faire la différence entre Paris et Marseille. Métro, commerces, services et une vraie plage à proximité. Le TGV met les deux métropoles à 3 heures l’une de l’autre, c’est une prouesse technologique qui a changé le rapport de la cité phocéenne au pays de l’est de l’Europe. Les Russes ont investi massivement la canebière et la région depuis quelques années et affichent ostensiblement leur richesse sur le vieux port. C’est le côté face de cette ville multiculturelle. Une place qui avait pendant longtemps été ouverte au grand mix social. L’émergence des quartiers nord ne pose problème que depuis que la politique de la ville a poussé en périphérie tous les laissés pour compte du centre. Les jeunes des banlieues ne sont plus le bien venu aux abords des terrasses proches de l’hôtel de ville. Même le quartier de l’estaque, populaire et typique a été colonisé par les néo prof et écolo-bobo de la bourgeoisie locale. Le populaire ne fait plus partie de l’identité historique de Marseille. Les arracheurs de colliers, les tueries en ville ne sont pas que de simples voleurs de poules, ils mènent consciemment et inconsciemment une lutte politique que l’on pourrait assimiler à un mouvement révolutionnaire si l’on se référait à la rhétorique des années 70. Ces jeunes en veulent aux bourgeois qui ont pris leur place dans les rues et qui les ont relégués dans les quartiers nord. Une frontière qui les renvoie inévitablement à leur statut de français d’origine étrangère. Il existe bien aujourd’hui une frontière à Marseille. En la franchissant par l’emploi de la violence, les jeunes manifestent ainsi une opposition à cette dévitalisation populaire de leur ville. Il y a toujours eu une grande perméabilité entre le grand banditisme et les révolutionnaires autoproclamés que l’on connaît mieux avec l’exemple Corse. Pour être objectif sur la situation marseillaise ,on devrait pouvoir y étudier le phénomène de la violence urbaine sous son aspect révolutionnaire et pas seulement sur son aspect délictuelle qui est une réalité incontestable, mais qui a d’autres ressorts ,plus polémiques et donc moins exprimés pour des raisons politiques
Igor Deperraz