I manuels sans mains
Les manuels scolaires représentent non seulement un marché de plusieurs millions d’utilisateurs mais ils aussi sont les ambassadeurs des supports qui les hébergent .En lançant des applications pour la conception de nouveaux manuels éducatifs , les fabricants de tablettes numériques se posent en substitut du livre traditionnel. En fidélisant très jeune le lecteur, ils espèrent à terme rendre obsolète le support papier. Une offensive qui n’est pas sans rappeler les semences génétiquement modifiées que l’on doit sans cesse acheter au fabriquant. La dépendance à la mise à jour est l’objet d’abonnement dont la rente est assurée pour de longues années. La tablette numérique est devenue un incontournable du support pédagogique. C’est peut être même à terme la plus grande menace sur les personnels du secteur éducatif .En substituant le facteur humain par un « tuto »numérique, l’Education Nationale et les organismes de la formation pourraient voir leurs personnels fondre comme neige au soleil. La puissance de calcul et la facilité du tactile font des tablettes des professeurs numériques particuliers. La connexion à un service d’assistance en ligne rend le modèle économique viable et transfère la responsabilité des apprentissages vers un centre d’appel externalisé. L’Etat pourra t il imposer ses programmes et obligera t il les acteurs de ce marché à respecter la neutralité du service public ? Les publicités seront-elles intrusives ? Des questions qui actuellement ne font pas débat au plus haut niveau de l’Etat. La suppression d’un million de fonctionnaires aurait de quoi interpeller les acteurs du secteur. A moins que ces nouveaux marchés ne soient déjà l’objet de la chasse gardée d’universitaires ou cadres .Ce choix de civilisation et de modèle économique nécessiterait pourtant un grand débat national puisqu’il implique la disparition du support papier et la main mise des opérateurs du Net sur L’Instruction .Les apprentissages sur support numériques sont très certainement séduisants mais ils favorisent la volatilité des connaissances .A l’heure des choix ,chacun doit pouvoir s’exprimer pour un avenir papier ou tout numérique.
Igor deperraz