« Given head » sur le chemin musical de Lou REED
Lou Reed n’a jamais perdu la tête même lorsqu’il se donna à corps perdu dans l’usage de stupéfiants et d’alcool. « But she never lost her head/Even when she was given head » chantait- il dans le trop célèbre Walk on the wild side. Un Rimbaud du Bronx au parler cru, trash et sexe qui partagea ses obsessions sur des thèmes répétitifs et obsédants « Doo,Doo,Doo Doo ».
Ce naufrager d’une Amérique qui traitait aux électrochocs les pulsions homosexuelles des adolescents n’aura eu de cesse d’exprimer le naufrage des sentiments amoureux dans des textes intraduisibles, mais d’une musicabilité transcendante. Accompagnant les rêves des jeunes Berlinois-Est qui rêvaient d’extase, de drogues et d’alcool dans un monde aseptisé au communisme soporifique, sa traversée de Berlin dans le tumulte des relations amoureuses résonne encore aujourd’hui sur des platines vinyles en mal de poussière et de craquement.
Jim et Caroline traversent Kreutzberg dans une extase destructrice et poétique qui fige dans un simple mouvement sonore une période de l’histoire unique et indéfinissable. Celle de La libre Berlin des années 70.
Kill your soon nous rappelle combien la différence sexuelle est un sujet tragique lorsqu’elle atteint l’âme et le corps des transfuges d'une normalité policée. Andy Warhol ne s’y est pas trompé en croyant dès ses débuts en ce déglingué de la vie .Il n’est plus possible aujourd’hui de cacher son émotion lorsque résonne ces vers…accompagnés d’une basse et d’un saxophone aux résonnances magiques
Holly came from Miami F.L.A.
Hitch- hiked her way across the USA
Plucked her eye brows on the way
Shaved her leg an then he was a she
She says, he babe take on the wild side
Lou Reed
Igor Deperraz