L’odeur d’une classe
Un petit cartable sur le dos, une main que l’on a du mal à lâcher, quelques larmes…c’est la rentrée du cours préparatoire pour des milliers d’élèves. Un instant magique et unique qui symbolise le grand passage à la vie sociale. Un long chemin qui commence dans les méandres de l’Éducation nationale pour la majorité d’une classe d’âge.
Beaucoup de mamans et peu de papas sont là pour un petit au revoir. Le signe que malgré les bonnes intentions affichées sur les pages des magazines, les femmes restent le référant éducatif dans le couple. Seules quelques entreprises octroient une demi-journée d’absence pour l’occasion et il est toujours aussi mal venu de solliciter son employeur pour jouer les papas ou mamans gâteau. Un congé parental obligatoire qui serait pourtant le bienvenu si l’on souhaitait faire de l’égalité homme- femme une priorité.
Il y a aussi tous ceux qui ne pourront faire la rentrée des classes parce qu’ils sont hospitalisés ou déscolarisés. Comme beaucoup d’enfants rom ou d’étrangers en situation irrégulière, la rentrée se fera sous des abris de fortune à l’abri du regard d’un fonctionnaire d’État. D’autres enfants plus chanceux bénéficieront d’un enseignement à la maison sous le regard bienveillant de leurs parents.
Si la rentrée scolaire est devenue le grand rituel de l’entrée dans la vie sociale, l’école n’est pas obligatoire, seule l’éducation l’est. Une inégalité qui profite aux enfants aisés qui peuvent prendre à l’occasion des années sabbatiques pour voyager ou se faire chouchouter en famille.
Pour les grands enfants que nous sommes devenus, ce jour reste à jamais marqué dans nos mémoires olfactives. La bonne odeur de la colle, le cuir du cartable ou le cirage des chaussures toutes neuves. Il suffit à l’occasion de ces jours de rentrées d’acheter un petit tube de colle avec son petit bâtonnet mou pour se replonger quelques secondes dans l’ambiance de ce premier jour magique.
Igor Deperraz