Livres aux poids
Plus de 500 livres présentés pour cette rentrée littéraire ! Une spécificité bien française qui suscite l’indifférence chez nos voisins européens. Des tonnes de papiers imprimés expédiés chez les libraires pour revenir dans quelques semaines au pilon. Ce petit voyage permet aux éditeurs de dégager de la trésorerie et par ce jeu continuel d’aller et retour de la garder à fond perdu. Devant cette montagne de papier transpirant la sueur d’un petit ou grand écrivain, le lecteur ne peut se fier qu’aux critiques littéraires ou à l’intuition magique de son libraire. En cette rentrée scolaire, les vendeurs sont plus préoccupés de vendre les manuels scolaires que de lire les aventures de Marie la douce sous sa douche. On le comprend bien vite, seuls une dizaine d’ouvrages passera la barrière des cent. Pourquoi les éditeurs ne font plus leur travail de filtre et de recherche de talent ? Pour ne pas passer à côté du nouveau Céline ? Pendant que la profession de libraire se mue progressivement en marchand de lessive et de papier, les écrivains se rêvent un avenir doré sous les cocotiers. Il n’en sera malheureusement jamais rien, une fois achetés quelques livres pour l’entourage, ils auront peut être un jour l’immense bonheur de retrouver leur œuvre dans une solderie pour l’euro symbolique. « Cette histoire n’est pas un conte. Je la tiens du très véridique M.C., le rédacteur en chef d’une publication qui se vend comme de petits pains dans tous les kiosques de France. Nous venions de parler d’un monsieur connu qui a eu sur ses vieux jours l’idée originale de se prendre pour une boîte d’allumettes suédoises de sorte qu’il fuit tous les frottements de peur d’enflammer ses voisins » Alexandre Vialatte. Ne cherchez pas dans la pile, il n’y a pas en cette rentrée de nouveau Vialatte dans la production littéraire. La quantité ne donne pas toujours de la qualité.
Igor Deperraz