Dupe du regroupement familial
La question posée par Manuel Valls sur le regroupement familial est une bonne question qui trouvera inévitablement une mauvaise réponse. À proprement parler, il n’existe pas dans le droit européen une obligation pour les États membres d’accueillir la famille d’un étranger en situation régulière. La loi française pose malgré tout des critères de ressource et de durée (18 mois) pour que la demande soit examinée. La question que l’on peut se poser est de savoir comment un étranger peut être en situation régulière en France sans que sa famille ait obtenu dans le même temps sa régularisation.
Il y a comme une certaine naïveté à penser l’immigrant comme une force de travail. Une femme ou un homme qui se coupe de ses racines ne peut être séparé des siens. Il est donc humainement compréhensible que le titre en poche, une demande de regroupement familiale soit formulée. L’autre question est la perversité actuelle du système qui fait de la politique d’accueil sur le territoire français une stratégie migratoire du cheval de Troie. La politique des quotas migratoires annuels votés chaque année par le parlement incluant la famille lors de la demande aurait le mérite d’être transparente et surtout politiquement plus acceptable.
On comprend aussi dans quelle situation de malaise pour ne pas dire de mal être notre position honteuse d’accapareur des richesses du monde pour ne pas dire de grand gaspilleur des ressources matérielles et humaines nous contraint. Un repli derrière les murs d’un château fort pour protéger nos biens mal acquis. Les migrants qui frappent à nos portes ne viennent pas pour avoir une vie familiale épanouie dans une banlieue pluvieuse et grise française. Elles viennent parce que nous les avons trop souvent spoliés de leur culture et de leurs ressources. Il n’y aura donc toujours, dans ce jeu de dupe, que des mauvaises réponses à une nécessaire interrogation.
Igor Deperraz