Miroir de ménage
Un auteur comme Courteline n’aurait pu imaginer qu’il deviendrait quatre-vingt- deux ans après sa mort, l’inspirateur de l émission de télévision la plus populaire en France. « Scène de ménage »
Reprenant l’idée de mélanger trois pièces de l’écrivain, la peur des coups, la paix chez soi, les boulingrins, Le réalisateur André Berthomeu réalisait en 1954 un film inoubliable, avec entre autre Bernard Blier et Louis de Funès .En adaptant ce schéma narratif, l’équipe des 19 scénaristes de la série a ciblé toutes les tranches d’âge comme on peut le faire pour la promotion d’une grande marque. Les personnages campent les français moyens et se fondent dans l’idéal Grand public. Les prénoms sont choisis tout comme la table en formica d’Huguette contraste avec le portable de Cédric. C’est une approche à la fois sociologique et marketing du produit qui donne à cette série son succès .Gérard Hernandez et Marion Game sont remarquables et profitent de la meilleure équipe de scénariste. La vertu de l’age …
Caricature ou dure réalité ,les femmes servent les hommes ,dépensent de l’argent ,sont hystériques .Aucun cliché n’est épargné et par le mix des trois couples ; José ,le male viril est impuissant ,Cédric absorbé par son entreprise supporte une femme qui l’accompagne et Raymond attend qu’un chauffard renverse sa femme.
Cette série qui passionne des millions de français en famille apporte un regard bien cynique sur les couples d’aujourd’hui .Sans enfants, sans revendication politique autre que de casser les pieds à ses voisins, sans couple homosexuel, sans femme voilée. On est loin des « Deschiens » revendiquant une France profonde assumée.
De ces instants de vie, reflet de notre temps se dégage des relents d’ennui et de bassesse.
On y revient pourtant et c’est déroutant de s’affaler sur un canapé pour savourer ces couples qui aguichent notre inconscient. Loin des théories et discours d’émancipation, l’écran nous donne un miroir peu flatteur sur les hommes et femmes d’aujourd’hui. Et l’on en rit.
Igor deperraz