Y a-t-il un P.S dans l’avion ?
En adoubant Harlem Désir, Martine Aubry espère fédérer la France arc en ciel derrière l’ancien porte parole de « touche pas à mon pote ». Un pari risqué à la Obama qui ne manque pas de panache dans une France qui accorde peu de places à la diversité. C’est une décision autoritaire de la direction du Parti socialiste qui n’a rien de démocratique mais peut-on réellement parler de transparence dans la nomination des dirigeants des partis politiques ou des syndicats ?
Que ce soit à la CGT ou à l’UMP, les militants n’ont jamais vraiment eu à désigner directement leur responsable. Le mythe du candidat nommé par la base a toujours existé dans l’imaginaire des républicains mais a toujours été repoussé par des arguments tenant de l’équilibre des différents courants, du poids des régions ou plus trivialement pour éviter qu’un opportuniste s’empare du parti à la barbe de la technostructure.
Harlem Désir est donc le choix réfléchi des dignitaires du Parti socialiste, tout comme François Hollande fut le gagnant d’une primaire fermée et orientée sur quelques membres du bureau politique.
Pour être démocratique au sens noble, les partis ou les syndicats devraient en premier lieu avoir des militants ...Ce qui est loin d’être le cas. Hormis quelques passionnés, l’intérêt pour la chose publique ne fait plus recette et cet état de fait participe au problème du cumul des mandats.
Nous assistons donc impuissants à la reconstitution d’une noblesse d’Etat d’alternance. Un mandat pour la gauche, un mandat pour la droite. Il appartient aux citoyens de se ressaisir afin d’imposer leurs libertés de conscience pour faire valoir cette exigence moderne de représentativité. En nombre, il leur sera alors possible de désigner des dirigeants portés par la volonté générale.
Le choix d’Harlem Désir perpétue donc la grande tradition de conformisme bureaucratique qui fige depuis les années 80 la société française.
Igor Deperraz