Vertitude attitude
Avec cet éternel réflexe, pour nous les gens du Nord de la France de descendre dans le Sud, nous en oublierons presque que la Venise du Nord, la vraie, se pavane à quelques centaines de kilomètres de Paris. La capitale de l’ancien comté de Flandre, Gand ! Qui donna naissance à Charles Quint est en pleine reconstruction. Une révolution verte et écologique qui a pris la mesure de l’Europe de demain… des pistes cyclables avec des garages à vélo dans les gares, des transports collectifs et plus anecdotique mais très symbolique, la propagation du végétarisme raisonnée par la municipalité .Une ville très tendance mais surtout un art de vivre alliant des canaux et des hommes. Un chômage quasi- inexistant .Une réussite architecturale pour une ville de plus de deux cent mille habitants .Cette ville que François Mitterrand aimait pour son caractère discret et authentique .Mélange de brique rouge, de métal, de matériaux composites, se pare pour le 21 siècle .Avec ténacité et rigueur, comme Breda en hollande ou d’autres villes des pays du Nord elle vise la vertitude attitude. On mesure, en la traversant, le retard de nos grandes villes françaises sur les grands enjeux des prochaines décennies. Pas de projets tapageurs ou pharaoniques, le réaménagement urbain conçu pour un monde ou l’énergie est cher et l’espace partagé et raisonné .Dans ce monde théorique, les plans et les architectes verts ont pris le pouvoir et son abus .Pour les amoureux de la gaufre de Liège qui tenait jadis boutique près de la place, il faut se résigner à ne plus voir comme à Bruxelles la fabrication de l’épaisse pâte et sa cuisson sous nos yeux .Le réchauffé est économiquement plus rentable. Pour ces petits cafés le long du canal qui dissimulaient pour les connaisseurs un petit jardin de curé à l’arrière de la boutique, s’en est fini, place nette, propre et muette. Les khmers verts ont eu raison du clair- obscur des vielles ruelles. La ville de demain sera propre, écologique, végétarienne, sans fantaisie, ni floriture et peut être sans « fritur ».Une catastrophe culturelle pour le pays de la frite, de la bonne qui croustille et s’achète dans ces boutiques qui ne dégagent aucune odeur. Plus Gand devient propre, plus on a envie de ne plus en mettre …
Igor Deperraz