Faites la classe pas l’Amour
Le ministre de l’Education Nationale sait au fond de lui qu’il peut compter sur ses fidèles compagnons de route au sein des collectivités locales majoritairement socialistes et de ses anciens enseignants pour faire passer sa réforme. Trouvera-t-il le même soutien auprès des nouvelles générations de professeurs ?
On peut en douter en lisant les forums qui appellent à la révolution ! Les « anciens » instits avaient baigné majoritairement dans l’idéal socialiste depuis leur plus tendre enfance. Ils étaient pour beaucoup fils et filles d’institutrices. Ces premiers de la classe sont aujourd’hui en première ligne dans le redressement de la misère sociale et souffrent de leur impuissance face aux inégalités croissantes qui gangrènent le tissu éducatif. Ils veulent donc bien croire en l’omniscience d’un des leurs, fut-il Professeur de philosophie.
La révolte qui gronde au sein de l’école est représentative des conflits générationnels et géographiques qui émergent. Le code soleil qui guida pendant des dizaines d’années la conduite de ce corps fermé sur lui-même préconisait aux instituteurs et institutrices de faire l’amour le mardi soir pour ne pas affecter la vie de classe ! Si ce « code soleil » faisait encore aujourd’hui autorité, on soupçonnerait Vincent Peillon de prendre ses troupes pour des impuissants ou des religieuses républicaines.
Les syndicats que l’on dit corporatistes n’ont pas vu venir le rejet majoritaire du bouleversement des conditions de travail sans autre contrepartie que la lecture des ouvrages de leur ministre. On pourrait même se demander s’il est souhaitable de croire en une Education Nationale tant l’accumulation de réforme et contre-réforme pousse au schisme les différents acteurs de la formation des enfants. Le prochain ouvrage de Vincent Peillon aura peut être pour titre « Faites la classe pas l’amour » un bon sujet de philosophie en perspective.
Igor Deperraz