Les politiques d’évaluation
L’Education Nationale comme l’ensemble des administrations publiques cherche depuis quelques années à optimiser ses investissement en personnels .Elle demande des résultats quantitatifs sur les postes occupées .L’exemple le plus parlant de cette politique est la tournée du facteur qui a vu en quelques années ses objectifs redéfinis pour optimiser la distribution du courrier. Ces mesures de performance n’ont pas donné pour autant plus d’initiatives individuelles sur les taches à remplir. C’est ainsi que l’on peut trouver un papier dans sa boite aux lettres pour retirer un colis alors que l’on est chez soi. C’est le prix à payer de la frénésie d’évaluation qui s’est emparée des politiques publiques .La performance au détriment de la pertinence. L’agent public, fonctionnaire à vie appartenait par un lien filial à son Administration .Comme le cantonnier du village ou le directeur d’école, il assurait la pérennité des relations sociales et imposait sa durée au temps social .L’Education Nationale n a pas échappe pas à ce mouvement. Le temps du secrétaire de Mairie, instituteur du village a laissé place au professeur d’école urbanisé venant dispensé un savoir morcelé devant un public tiraillé par l’abondance des sources média. Les savoirs concurrencés se confrontent au réel et entraînent par effet papillon une remise en cause de l’inspection évaluation telle qu’elle fut conçue il y a deux siècles .Le petit livre de Christophe Dejours « l’évaluation du travail à l’épreuve du réel »apporte un commencement de réflexion sur la difficulté pour les agents publics de faire valoir les trucs et ficelles de leur métier. « Contrairement aux présupposés de l’évaluation des compétences, la performance précède la compétence .C’est face à l’inédit, à la résistance du réel, à l’échec et ensuite grâce à l’obstination et à la mobilisation subjective, que le travailleur parvient à transformer son impuissance en performance »J’ajouterai que la performance au sens de mouiller sa chemise est toujours présente lorsque le sujet est impliqué dans le processus d’acquisition des savoirs .Si l’on prend un médecin généraliste de campagne ,son évaluation n’est faite qu’au regard de son action face au réel. Pour les professeurs et instituteurs, leur performance s’évalue par l’écoute et le respect des élèves. »En échange de la contribution qu’il apporte à l’organisation du travail, chacun attend une redistribution .contrairement à ce que l’on pense communément, la composante de la redistribution qui compte le plus n’est pas sa dimension matérielle (salaire,primes,avancements,etc)mais sa dimension symbolique .Cette dimension symbolique, celle qui nous fait travailler, s’exprime sous une forme majeure :la reconnaissance. ». L’éducation Nationale doit évoluer pour proposer aux personnels la pertinence de leurs choix pédagogiques .Chaque établissement ou école doit devenir maître de ses objectifs. Donner l’autonomie et l’autogestion des administrations publiques ouvriraient la voie à une meilleure gestion des ressources humaines et budgétaires Un grand principe de Responsabilité collective pour une République de la maturité qui mettrait l’évaluation du travail à l’épreuve du réel.
Igor deperraz
Reference thierry Joncour inra edition « l’évaluation du travail à l’épreuve du réel » 2003