L’écriture aléatoire
N’y a-t-il rien de plus vorace que la presse en ligne ? Les grands hebdomadaires ou quotidiens nationaux se sont lancés dans cette aventure en s’alliant ou rachetant des sites dédiés avec plus ou moins de bonheur. La rédaction citoyenne y a pris une grande place. Spécialistes diplômés et reconnus, dessinateurs, chroniqueurs culinaires, politiques et sportifs sont les petites plumes des canards en ligne.
Les blogueurs sont les nouveaux correspondants de la Presse nationale occupant un espace juridique vacant tout en se faufilant dans les mailles d’un filet de plus en plus petit. Les titres hésitent entre participation et exclusion, parfois censure.
Si l’on prend l’exemple de la rubrique du nouvel observateur « Parole de lecteurs », elle apparaissait auparavant dans la page d’accueil du site donnant aux « correspondants » une lisibilité et au final des milliers de lecteurs. La rubrique n’apparaît plus ni sur le site ni sur le blog invité ! Une authentique parole miroir. Le narcissisme poussé à son paroxysme. Le nombre de commentaires d’un article marquant le temps « d’antenne »tombe inévitablement à zéro. Une hésitation éditoriale de la part de l’hebdomadaire qui touche aussi les autres journaux.
La trace papier reste donc incontestablement le marqueur indélébile d’une double exigence : la distinction et la reproduction. Une confusion bourdonnante qui devrait amener les éditeurs de presse à mieux considérer le « minerai ». Il n’y aura pas de pérennité des titres de Presse sans une certaine perméabilité et mixité .
L’écriture aléatoire n’est pas une marque de fabrique durable.
Igor Deperraz