La désinfographie de presse
L’infographie de presse prend de plus en plus de place dans le rédactionnel .Elle remplace souvent l’écrit sans qu’aucune critique ne remette en cause les informations et opinions énumérées lors d’une parution. L’image s’impose avec arrogance et persuasion au regard. .Montrer un graphique en 3D de l’écart de salaires entre les hommes et les femmes ou visualisée la dette cumulée pose visuellement une suite de nombre sans pour autant dégager des perspectives politiques ou analyser des contradictions. Le visuel amène des certitudes qui ne peuvent être logiquement contredites que par d’autres graphismes. Dans ce ballet de coordonnées polaires, on peut jouer à l’infini avec la palette des couleurs et ses effets persuasifs .On peut jouer sur l’échelle ou sur le premier plan .Proposer au lecteur une information sous cette forme revient à faire des choix rédactionnels forts qui ne peuvent échapper à la ligne éditoriale ou éthique de la Rédaction. Prendre par exemple une information d’un service gouvernemental sans recouper ses sources ,sans même amender les documents fournis pour bénéficier du travail en amont revient de fait à publier in extenso le texte fourni par la puissance étrangère .Ce n’est plus du journalisme mais de la propagande. L’infographiste et l’équipe qui l’entoure ne peuvent s’exonérer de la déontologie formalisée dans l’UE .Il y a en ce domaine une totale désinvolture envers le lecteur. L’information sous toutes ses formes doit être sous contrôle de la Rédaction et de ses rédacteurs .Une représentation techniquement parfaite ne peut se substituer à l’écrit .Si les infographistes prennent le pouvoir dans les rédactions, on ne peut que s’interroger sur l’évolution du lectorat . Un public qui ne comprend les évolutions de nos sociétés qu’à travers la babarisation des enjeux socio- économiques devrait à terme s’intéresser exclusivement à la Presse pour enfant. L’infographie n’est pas une réponse à l’érosion de la Presse papier, tout au contraire, elle accrédite l’idée d’une mise en 3D de la pensée comme forme aboutie de la réflexion. Ce secteur doit être réfléchie et pensée dans la continuité des écrits et non s’approprier une crédibilité qu’il n’a pas.
Igor deperraz